Dans sa 6 ème tribune publiée le 13 Juillet 2015 et intitulée : » Kinshasa : l’Enfer au paradis », Adolphe Muzito, ancien premier ministre, avait passé au peigne fin tous les problèmes ( sécuritaires, politiques, environnementaux, sociaux…) de Kinshasa mettant un accent sur les forces et faiblesses de la ville de Kinshasa avant d’émettre un flux de suggestions qui peuvent aider les dirigeants actuels d’améliorer les conditions de vie de la ville surtout après ce que l’on a constaté le lundi 24 Octobre dernier à l’issue de la pluie diluvienne ayant presque arrêté la vie à Kinshasa.
Nous reprenons in extenso la dernière partie de cette tribune dans laquelle il préconise un flux de solutions.
IV. CONCLUSION ET SUGGESTIONS
4.1. Conclusion
On vient de voir que la ville de Kinshasa dispose des atouts en terme des potentialités économiques, géographiques, écologiques, climatologiques, topographiques, malheureusement mal exploitées.
La ville n’a jamais disposé d’un plan relatif à son extension et à sa modernisation. Cette situation, qui date de nombreuses années, pose aujourd’hui de graves problèmes :
- d’infrastructures économique et sociale ;
- de santé publique et environnementale ;
- de salubrité, de transport ;
- de desserte en eau potable, en électricité ;
- de logements.
A ces problèmes s’ajoutent celui de chômage pour une population de 12 millions d’habitants qui va aller à 20 millions à l’horizon 2025.
Tous ces problèmes mis ensemble font et feront de Kinshasa une bombe, au point de vue social, politique et sécuritaire, à désamorcer avant qu’il ne soit tard.
4.2. Suggestions
Nous suggérons et préconisons pour cela :
1) Un plan de modernisation et d’extension de la ville de Kinshasa à l’Est, c’est-à-dire vers Nsele et Maluku. Celui-ci aura pour but d’étaler la population non pas sur les 1.100 km² actuels, mais sur 5.000 km², soit 3.000 km² de terres additionnelles ou 4.000.000 de parcelles à vendre en réservant les 4.000 km² autres à l’agriculture, aux espaces verts et aux générations futures. Ainsi la densité de Kinshasa dans les 20 ans à venir pourrait passer de 2.000 à 4.000 hab/km² ce qui réduira la densité moyenne des communes très peuplées actuelles de100.000 à 5.000 habitants au km².
2) Une distribution des terres dans le cadre de ce plan à préfinancer par l’Etat et les clients demandeurs des terres et des logements ;
3) La construction préalable par l’Etat des infrastructures essentielles et la mise en place subséquente d’un fonds de modernisation et d’extension de Kinshasa, alimenté, dans le cadre d’un partenariat public-privé, par les entreprises de construction, les institutions financières, l’Etat, les chefs des terres et la communauté de demandeurs des terrains et logements.
Ce fonds servira à la viabilisation de la partie « Est » de Kinshasa, en assurant la pérennité des programmes des constructions des voiries, des centrales énergiques et d’adduction d’eau potable, des établissements scolaires, des centres de santé, des infrastructures récréatives, des bureaux de l’administration publique et des organismes internationaux.
Ce plan de modernisation et d’extension de Kinshasa vers l’Est va résoudre les problèmes :
-de déséquilibre dans la répartition spatiale de la population actuelle et à venir de Kinshasa ;
- de déséquilibre de distribution des infrastructures économique et sociale de la ville de Kinshasa dont celles de la desserte en eau potable et en électricité ;
- de la taille de municipalités à travers un nouveau découpage (Kimbanseke par exemple devrait être démembrée en 10 communes d’au moins 24 km² chacune en moyenne pour 150.000 habitants environ pour chacune ;
- des politiques de logement pour son accessibilité à toutes les couches sociales ;
- de la voirie et de l’écologie de la ville ;
- du chômage et de la délinquance juvénile ;
- de l’investissement et du développement économique de la ville.
Ce plan constituera :
-une source de croissance pour le pays ;
-une convergence d’intérêts économiques et sociaux :
- pour les banques en termes de dépôts de la part d’une nouvelle clientèle ; -pour les sociétés de construction : une offre nouvelle des marchés des infrastructures publiques dans le cadre d’une politique de grands travaux ; -pour la jeunesse : une opportunité d’emplois, de revenus et des crédits logements, etc. ; -pour l’État et la ville : une source des recettes fiscales.
4) Pour les gagne-petits et les familles nombreuses aux revenus modestes, l’Etat devra financer la construction des logements sociaux à leur louer à des prix tenant compte de leur situation sociale, avec option d’une vente à tempérament.
Fait à Kinshasa, le 13 juillet 2015
Adolphe Muzito, Premier Ministre Honoraire