avril 19, 2024

Fabrice Lusinde Lusangi Kabemba. Ce nom était quasi-inconnu du grand public jusqu’à la semaine dernière, quand il a commencé à revenir en boucle sur la toile, consécutivement à la dure sentence de révocation requiert contre lui par l’Assemblée nationale, en conclusion d’une interpellation.

Comment en est-on arrivé à cette sentence ?
Cette question a orienté une enquête expresse menée par Opinion-info.cd.

En effet, tout part d’une mission parlementaire initiée auprès de la SNEL par les députés nationaux, dépités par les plaintes interminables de leurs bases sur les coupures intempestives et délestage, recueillies pendant les vacances parlementaires. Pourtant, des projets ont été amorcés, bien avant la nomination de Lusinde en novembre dernier par le Chef de l’État, en vue d’améliorer la desserte en électricité à travers le pays.

Le rapport produit par les députés nationaux au terme de leur mission, capté par Opinion-info.cd, fait le constat de l’interruption de tous ces projets à l’avènement de Lusinde. Selon ce rapport, ce dernier avait préféré d’engager un audit plutôt que de poursuivre avec l’exécution des projets en cours.

« Il a fait sourde oreille aux recommandations des élus du peuple, notamment celle d’organiser simultanément l’audit de l’entreprise et la poursuite des projets déjà lancés », a confié un député de la commission d’enquête.

A l’en croire, parmi les projets en souffrance, il y en avait un qui concernait le Camp Luka à Kinshasa, fiché urgent par le Chef de l’Etat, et un autre qui devrait donner de l’électricité à la ville de Kenge, chef-lieu du Kwango.

« Il y avait dès cet instant, l’urgence de le convoquer », ont évoqué d’autres sources parlementaires.

Ainsi, Fabrice Lusinde a été interpellé à l’Assemblée nationale à l’initiative du député Prosper Bukasa qui lui a reproché de « manque de vision et mégestion ».

Lors des différents face-à-face avec la Représentation nationale, le DG Fabrice Lusinde a fourni des « réponses truffées des mensonges » et qui ont mis à nu « des fautes lourdes et des actes d’insubordination ».

Ainsi les députés ont analysé les interventions de Lusinde dans le rapport d’évaluation des réponses fournies à l’Assemblée nationale, également consulté par Opinion-info.cd.

« M. le Directeur général ne maîtrise même pas les besoins de son entreprise. Le transformateur 220/ 20 de 100 MVA est le seul transformateur au poste de Makala dont l’inauguration a été faite il y a 2 ans. Il avait été recommandé, dès la mise en service de ce poste, dont il est sans ignoré vu qu’il était dans la gestion passée, d’ajouter un deuxième transformateur de la même puissance à ce poste pour desservir au mieux l’axe UPN-BADIADINGI-LEMBA. Donc le DG vient de mentir à la représentation nationale et ne peut prouver le contraire si le deuxième transformateur au Poste de Makala a été installé », peut-on lire dans ce rapport, qui évoque comme faute lourde : la violation des règles sur la passation des marchés publics.

A la lumière de cette évaluation, les députés, lors de la plénière du 12 avril, ont voté en faveur de la révocation de Fabrice Lusinde, reconnu coupable d’ « incompétence et inefficacité dans la gestion » de la SNEL.

Les motifs de la déchéance de Lusinde sont couchés noir sur blanc dans la correspondance [ En fac-similé ] de Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, adressée à la ministre d’Etat au Portefeuille Adèle Kayinda.

Sur base de ces motifs, le speaker Mboso, au nom des députés, a notamment recommandé la révocation de Fabrice Lusinde endéans 48 heures.

A défaut de révoquer parce que liée par le principe de l’acte contraire (celui qui nomme a le pouvoir de révoquer), la ministre Kayinda a pris des mesures conservatoires, l’arrêté faisant foi.

Sa décision de suspendre Fabrice Lusinde a très vite produit l’effet d’une levée de boucliers contre l’Assemblée nationale, « humiliée et vilipendée par des personnes qui tiennent mordicus au retour aux affaires de Lusinde ».

« Un lobbying a été mis en place. Des ministres et autres hauts fonctionnaires de la République arpentent les couloirs du Palais de la nation pour obtenir du Président de la République, le retrait de l’arrêté de la ministre Kayinda qui suspend Fabrice Lusinde », a confirmé à Opinion-info.cd un autre député national, qui ne s’explique pas cette témérité à jeter de l’opprobre sur la 2e institution du pays qui a fait son travail dans le seul but de « garantir l’intérêt de la population et répondre au credo du Président de servir le peuple d’abord ».

« Quel est l’intérêt de ces individus à humilier la Représenta nationale au profit d’un monsieur, fut-il mandataire public. Dans un passé récent, un ministre national avait subi le même sort, pourquoi n’avait-il pas bénéficié d’un même traitement ? », s’est interrogé cet élu.

De son avis, il serait politiquement soutenable, si les soutiens de Lusinde avaient initié des manœuvres en amont pour sauver la tête de leur homme. A scruter ses propos, des chances sont très minimes pour tirer le DG suspendu de la SNEL de son trou, surtout que réussir à un concours de recrutement n’est pas une présomption de bonne gestion.

La Rédaction

Share this...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *