octobre 12, 2024

Nombreux enseignants ont adhéré à une grève nationale lancée par plusieurs syndicats des professionnels de la craie blanche, notamment le SYECO -Syndicat des enseignants du Congo-, lancée après la restitution des travaux de la commission paritaire gouvernement-syndicats, à Bibwa.

Au terme d’une enquête menée depuis le 2 septembre 2024, date du lancement officiel de la rentrée scolaire 2024-2025 sur toute l’étendue du territoire national, la rédaction d’Opinion-info.cd s’est rendue compte d’une grève en sourdine observée dans plusieurs écoles catholiques, notamment dans la commune de la Gombe, à Kinshasa, et à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Les réalités sur terrain sont telles que les enseignants des collèges Boboto, Saint-Joseph (Elikya) ainsi que le lycée Bosangani ( Sacré cœur), pour ne citer que ces écoles, ne dispensent pas des cours. À la place, ils prennent les enfants en otage, du matin à midi. 

À la base de ce comportement, le mécontentement dû aux clauses issues des assises de Bibwa sous la médiation du Vice-premier ministre de la Fonction publique, Jean -Pierre Lihau, laissent entendre certains enseignants à Opinion-infos.cd.

D’après ces mêmes sources, beaucoup d’enseignants faisant partie du SYNECAT ( Syndicat) sont accusés d’avoir reçu des enveloppes, en marge des assises, pour faire du lobbying auprès de leurs collègues, afin de les pousser à respecter le calendrier scolaire de l’année, en reprenant les cours.

Visiblement révoltés par ces actes de corruption qui préjudicient l’intérêt général, les enseignants potentiels grévistes de Kinshasa ont décidé de coaliser désormais avec ceux de Goma, qui, du reste, ne jurent reprendre avec la craie blanche qu’après la reprise, dans la loi des Finances, du barème salarial de 1.500.000 franc congolais, soit 500 dollars américains par mois par enseignant.

Dans une séquence vidéo des enseignants de Goma, exploitée par la rédaction de Opinion-info.cd, ces derniers ont rappelé au Gouvernement congolais l’insignifiance d’un salaire de 102 dollars, pour vivre décemment en RDC -République démocratique du Congo-, face à la dévaluation monétaire qui frappe le pays.

« Nous remercions le Gouvernement d’avoir payé le 20.000fr de l’acompte de la prime de la gratuité des enseignants du primaire et le 50.000fr remis à tous les enseignants sur l’étendue du pays », ont-ils déclaré.

Et d’ajouter : »Lorsqu’on fait le calcul, 50.000fr revient à 16$, mais aussi 20.000fr revient à 6$. En conséquence, le 80$ que les enseignants touchent plus 22$, ça ne nous fait que 102$. Dans la ville de Goma et dans le reste du pays, la vie est devenue très chère face à la dévaluation monétaire ».

Ils ont, par la même occasion, rappelé les députés nationaux, en vacances parlementaires, de suivre de près l’application de la proposition qui a été faite par les syndicats des enseignants sur toute l’étendue du pays. Laquelle proposition veut que les enseignants congolais puissent toucher 1.500.000FC, soit 500$ par mois. « Au cas contraire, nous allons rester chez nous, à la maison », ont-ils lancé.

Ceux de Kinshasa, de leur côté, avancent qu’avec un salaire de 130$ le mois, plus les 50.000FC d’ajout que le Gouvernement vient de faire, ils nagent dans le 146$. « Avec ce montant, comment faire pour le transport, l’alimentation, les frais scolaires de nos enfants, le loyer ? C’est pour cela, nous avons sollicité que le Gouvernement puisse nous payer 500$ », ont-ils fait observer.

Pour rappel, le VPM de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, avait, au cours d’une émission sur Top Congo, avant la conclusion des assises de Bibwa, qualifié d’irréalistes les revendications salariales des enseignants.

A l’en croire, si l’on multiplait 500$ par l’effectif total des enseignants, le montant sera supérieur même à l’enveloppe salariale de tous les fonctionnaires de la RDC.

Propos qui avaient, en son temps, suscité de vives polémiques et été jugés de « contre-productifs » par plusieurs syndicats d’enseignants.

Au regard des positions aux antipodes entre le Gouvernement congolais et les syndicats des enseignants sur le barème salarial des professionnels de la craie blanche, il y a des craintes d’une année scolaire 2024-2025 qui risque de ne pas connaître une issue heureuse. D’où, l’appel est lancé à tous les partenaires du secteur éducatif, notamment le Gouvernement et le banc syndical des enseignants, d’arrondir les angles et d’harmoniser les vues, pour sauver l’année scolaire en cours.

Fadi Lendo 

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