Le ministre rd-congolais des Hydrocarbures, Aimé Sakombi a plaidé à Genève, lors de la 15e session de la réunion pluriannuelle d’experts sur les produits de base et le développement, pour une approche équilibrée entre exploitation pétrolière et lutte contre le changement climatique.
Il a mis en lumière la contradiction entre l’abondance de ressources et l’incapacité du pays à transformer localement ses matières premières, faute d’infrastructures adéquates. « La RDC est bénie par la nature avec un potentiel énorme en minerais et en hydrocarbures, mais paradoxalement, nous faisons face à un déficit énergétique majeur » a-t-il déclaré.
– Un potentiel énergétique inexploité –
Sakombi Molendo a évoqué l’énorme potentiel hydroélectrique du fleuve Congo, notamment avec le projet Inga, capable de produire 45 gigawatts. Cependant, « ce projet est à l’arrêt en raison de contraintes financières importantes, s’élevant à plusieurs dizaines de milliards de dollars », a-t-il souligné. La situation est tout aussi préoccupante dans le secteur pétrolier. Bien que le Graben Albertine recèle 18 milliards de barils en réserve, la production actuelle de 19 000 barils par jour est insuffisante et exportée sous forme brute. « Nous continuons de dépendre des importations pour combler nos besoins de 320 000 m³ de produits raffinés chaque mois » a-t-il regretté, pointant l’absence d’une raffinerie moderne.
Le membre de l’exécutif a rappelé que la RDC, tout en étant un pays minier, est confrontée aux effets du changement climatique et à la pression croissante contre l’usage des combustibles fossiles. « Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir une victime de la transition énergétique globale sans mettre en place une approche pragmatique », a prévenu Sakombi, en évoquant les risques d’actifs échoués si le pays n’adapte pas son exploitation. Pour pallier cette situation, Aimé Sakombi identifie trois axes prioritaires à savoir :
Exploitation pétrolière et gazière éco-responsable avec l’adoption de technologies propres comme le captage et le stockage de carbone (CCUS),
Réduction de la déforestation et gestion environnementale rigoureuse,
Promotion des énergies renouvelables et de l’hydrogène.
– Appel au soutien international –
Le ministre Aimé Sakombi Molendo a également appelé la Conférence des Nations unies sur le commerce et le Développement (CNUCED) à soutenir la RDC dans l’atteinte de ses objectifs climatiques définis dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN). « Nous avons besoin de partenariats solides et de mécanismes de partage de savoir-faire pour faire remonter nos chaînes de valeur » a-t-il insisté. La RDC, poursuit-il, qui ambitionne une réduction de plus de 20 % de ses émissions de carbone d’ici 2030, souhaite trouver un juste équilibre entre compétitivité et développement durable.
Par ailleurs, le patron de l’or noir en RDC a proposé la construction de raffineries modulaires adaptées aux besoins locaux. À cela s’ajoute la récupération des gaz de torche afin d’améliorer la rentabilité du secteur énergétique. Sakombi estime que la transition énergétique ne doit pas être un obstacle au développement, mais une opportunité de renforcer la compétitivité.
Patrick Mputu / Ouragan.fm