Le bureau politique du RPDR s’est réuni à l’occasion de la commémoration des évènements du 04 janvier 1959.
À cet effet, le président national de cette formation politique de LAMUKA, monsieur Bob Bolambwe a prononcé l’allocution ci-dessous.
Nous voici réunis pour commémorer une date cruciale de notre histoire commune : le 4
janvier 1959.
Ce jour-là, nos ancêtres ont bravé l’injustice et l’oppression coloniale pour réclamer un droit fondamental : celui de déterminer eux-mêmes leur avenir. Ce qui était à l’origine un simple meeting politique fut sévèrement réprimé.
Si le narratif officiel retenait le nombre de 49 tués, il convient de rappeler que les observateurs indépendants firent état de plus de 120 tués.
Ces événements, de la journée du 4 janvier, souvent qualifiés de « journée des martyrs de l’indépendance », ont marqué le point de non-retour dans notre quête de liberté et d’autodétermination.
Ce fut un soulèvement courageux, mais aussi douloureux, où le sang de nos héros a été versé dans les rues de Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa.
Ce sacrifice a ébranlé les fondations du système colonial et précipité les événements qui ont mené à l’indépendance, proclamée le 30 juin 1960.
Cependant, il nous revient dans la continuation du discours fondateur de Lumumba, notre héros national, de rappeler que les « Martyrs du 4 janvier » ne sont que le prolongement d’une longue lignée des résistants congolais face à l’oppression coloniale.
Comment parler des Martyrs du 4 janvier 1959 en oubliant le sacrifice de notre grande héroïne nationale en la personne de Maman Kimpa Vita ?
KIPA VITA
Maman Kimpa Vita serait née vers 1684 dans une famille noble à Mbanza Kongo au royaume de Kongo (dont le territoire couvre l’actuel Angola ainsi que du Gabon et de l’actuel RDCongo) Elle sera brûlée vive le 02 Juillet 1706 à Divulu, un village du Royaume Kongo,
Son crime? Elle combattait les usurpateurs portugais qui voulaient coloniser le pays en le morcelant avec la complicité des satrapes locaux. Cela ne vous rappelle pas des réminiscences ?
Quelques siècles plus tard, il y aura aussi une autre figure marquante qui s’opposera aux colonisateurs belges. Lui aussi, il connaîtra le même sort que Maman Kimpa Vita. Il s’agit du prophète Simon Kimbangu.
PAPA SIMON KIMBANGU
Papa Simon Kimbangu, né le 12 septembre 1887 à Nkamba dans l’actuel Kongo Central est mort le 12 octobre 1951 dans la ville ‘Élisabethville.
Faut-il rappeler que le prophète Simon Kimbangu sera arrêté en septembre 1921, par les autorités belges craignant que son mouvement ne prenne de l’ampleur.
Traduit devant un conseil de guerre, il a été condamné à mort, après un simulacre de jugement. Craignant les émeutes de son exécution, sa peine a été commuée en détention en perpétuité. Il passera donc 30 ans derrière les barreaux.
A l’instar d’un autre héros africain, à savoir Nelson Mandela, il ne demandera pas la clémence de ses geôliers jusqu’à sa mort en 1951
Il est fondamental que ces grandes figures nationales ne fonctionnent pas comme l’arbre qui cache la forêt. Car, l’histoire de la colonisation congolaise est jalonnée des crimes dont le nombre paraît encore aujourd’hui inimaginable. Il n’est pas inopportun de rappeler les faits
historiques connus de tous.
LEOPOLD II
« Léopold II a été le fondateur de l’État indépendant du Congo (1885-1908), un projet privé pris de sa propre initiative comme une union personnelle avec la Belgique. Grâce aux expéditions de Henry Morton Stanley, il a réussi à le faire reconnaître à la conférence de
Berlin de 1884-1885, tout en le considérant et en l’administrant comme sa propriété
personnelle.
Léopold II a dirigé le pays en utilisant les mercenaires de la Force publique. Il a extrait une fortune du territoire, d’abord de l’ivoire et ensuite du caoutchouc par le travail forcé de la population indigène
L’administration par Léopold II de l’État libre du Congo a été caractérisée par des atrocités et une brutalité systématique, incluant tortures, meurtres et amputations des mains d’hommes, femmes et enfants quand les quotas de production de caoutchouc n’étaient pas atteints.
En 1890, George Washington Williams utilise le terme de « crimes contre l’humanité » pour décrire les pratiques de l’administration de Léopold au Congo
Ceci et d’autres faits ont été établis par des témoignages directs et une commission d’enquête internationale en 1904. Les estimations modernes du déclin de la population congolaise pendant son règne vont de 1 à 15 millions, avec un consensus autour de 10 millions.
Adam Hochschild attribue la chute spectaculaire de la population de l’État indépendant du Congo à une combinaison de facteurs : meurtre, famine, épuisement, maladie et un taux de natalité en chute libre
En 1908, les rapports sur les exactions et la pression du Congo Reform Association et d’autres groupes internationaux a incité le gouvernement belge à reprendre l’administration du Congo à Léopold dans un nouveau territoire, le Congo belge.
L’administration par Léopold II de l’État libre du Congo a été caractérisée par des atrocités et une brutalité systématique, incluant tortures, meurtres et amputations des mains d’hommes, femmes et enfants quand les quotas de production de caoutchouc n’étaient pas atteints.
En 1890, George Washington Williams utilise le terme de « crimes contre l’humanité » pour
décrire les pratiques de l’administration de Léopold au Congo
COUT HUMAIN
Pour asseoir son emprise sur son territoire colonial, Léopold II met sur pied une armée, la force publique qui se fait connaitre par la cruauté, les pillages et son manque de discipline.
Cette force devient un instrument pour terroriser la population civile.
Les mouvements de résistance sont également brutalement écrasés par cette milice. Le marché d’esclaves et le commerce de l’ivoire sont quant à eux établis avec des exploitants locaux
Arthur Conan Doyle, 1909 : « Beaucoup d’entre nous en Angleterre considèrent le crime qui a été commis sur les terres congolaises par le roi Léopold de Belgique et ses partisans comme le plus grand crime jamais répertorié dans les annales de l’humanité.
En 1911, le géographe et critique belge Alphonse-Jules Wauters juge sévèrement la gestion de Léopold II : « Du jour de l’application du décret secret de 1891 au lendemain des divulgations de la commission d’enquête, c’est-à-dire pendant 13 ans, il a transformé quelques-uns des districts à caoutchouc en véritable enfer. Il a engendré la plupart des crimes qui s’y sont commis et dont on ne connaîtra jamais le nombre et la gravité. Ce qui le rend particulièrement odieux, c’est qu’il fonctionnait sous le couvert de l’humanité ; c’est aussi que les énormes profits que ses détestables pratiques procurèrent, avaient, notamment, pour but l’alimentation du budget des dépenses de la Fondation de la Couronne, véritable débauche de travaux de tous genres, entrepris en vue du développement et de l’embellissement des résidences royales»
La résistance à la cruauté de l’occupation belge se manifestera par des révoltes un peu partout à travers tout le territoire national. Les tribus contestaient cette occupation avec des moyens dont elles disposaient contre un ennemi bien armé. On peut lire le récit qu’en fait notre regretté camarade Ludo Martens concernant la répression de la révolte des Pendés du Kwango en 1931.
P.EMERY LUMUMBA
De tous ces combats, il est tout à fait normal qu’émerge un homme qui va s’illustrer en unifiant sur sa personne les aspirations de toute la population congolaise.
A l’aube des indépendances, pendant que certains leaders étaient séduits par les manigances séparatistes (sécessionnistes) des colonisateurs tendant à les diviser pour mieux régner, Patrice Emery Lumumba sortira du lot par le modernisme de sa vision politique. Il voulait un Congo uni dans ses frontières héritées de l’ancien état du Congo et sans omettre la nécessité du contrôle et de l’indépendance économique.
Tout ce discours était mâtiné par l’impératif d’une unité africaine. Un activisme que reprouvait absolument les colonisateurs belges et leurs commanditaires occidentaux.
Comme il fallait s’y attendre, Patrice Lumumba, de son vrai nom Élias Okit’Asombo, né le 2 juillet 1925 à Onalua, premier ministre du premier gouvernement congolais sera assassiné le 17 janvier 1961 près d’Élisabethville au Katanga.
De son bref et éclair passage dans l’Histoire du Congo, il nous aura légué un fort esprit et volonté du nationalisme. Nous retiendrons ces quelques citations qui demeurent toujours d’actualité : « Sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres. »
« Sans la lutte, vous n’obtiendrez rien. Ni aujourd’hui, ni jamais »
PIERRE MULELE
Comment parler de Lumumba sans parler de ceux qui dans l’Histoire tumultueuse de notre indépendance décidèrent de continuer la lutte de Lumumba. Au premier chef, il y a un dur combattant au caractère bien trempé. Il s’agit incontestablement de Pierre Mulele.
Pierre homme politique congolais, père fondateur du parti solidaire africain et ministre de l’Éducation dans le gouvernement de Lumumba, est né le 11 août 1929 et il sera lâchement
assassiné le 9 octobre 1968 à Kinshasa
Après la reprise en mains par les Occidentaux de la destinée à travers des politiciens compradores, Mulele sera de ceux prendront les armes contre le régime de Kinshasa. Il mènera une rébellion qui durera plus de 5 et contrôlera plus de la moitié du Congo.
LEONNIE ABO
Pendant la commémoration de ce 4 janvier 1959, comment oublier celle qui sera présentée comme la compagne de Pierre Mulele mais sera en fait une combattante à part entière durant la rébellion de 1963 à 1968. Il s’agit de Wassis Hortense Léonie Abo, plus Léonie Abo, plus connue comme Léonie Abo, née au Congo-Kinshasa en 1945. Nous avons eu l’honneur de la côtoyer durant son séjour européen pour la rédaction de son témoignage : «Abo : Une femme du Congo par Ludo Martens »
NE JAMAIS TRAHIR LE CONGO
Cette recommandation de Laurent Désiré Kabila est reprise aujourd’hui par tous les nationalistes et patriotes congolais authentiques. Tous ceux qui combattent aussi bien le régime fantoche de Kinshasa et ceux qui occupent illégalement l’Est Du Congo se réfèrent au sacrifice de M’ze Kabila.
Tout comme Lumumba, Mulele, et des milliers de nationalistes congolais, Kabila sera assassiné.
LAURENT DESIRE KABILA
Laurent-Désiré Kabila, né le 27 novembre 1939 à Jadotville et assassiné le 16 janvier 2001 à Kinshasa. Il aura été le président de la république démocratique du Congo de mai 1997 jusqu’à son assassinat en janvier 2001.
MAMADOU NDALA
La grandeur d’un homme est celui qui se sacrifie pour les autres. Il est de la lignée de combattants nationalistes cités précédemment.
Cependant, le colonel Mamadou Mustafa Ndala né le 8 décembre 1978 à Ibambi, dans le territoire de Wamba (Province Orientale) et traîtreusement assassiné par des tirs amis.
le 2 janvier 2014, incarne pour la jeunesse congolaise la figure de l’héros moderne. Il est à la fois Che Guevara, Mulele et Laurent Désiré Kabila. Pour le Congo, il ne lâche rien et il ne trahit pas non plus.
Aujourd’hui, nous honorons la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour que nous puissions nous tenir debout en tant que nation libre. Leur sacrifice nous rappelle que la liberté a un prix. Ce prix a été payé par des hommes et des femmes ordinaires qui, face à la répression, ont choisi de résister plutôt que de se soumettre.
Cependant, mes chers compatriotes, en tant que Président d’un parti qui se réclame avant tout de Lumumba, je dois rappeler en ce jour que l’héritage de ces martyrs n’est pas simplement un élément du passé. Il nous impose une responsabilité immense : celle de bâtir une nation digne de leurs sacrifices.
Depuis l’indépendance, nous avons souvent laissé l’émotion prendre le pas sur la raison, oubliant que la véritable souveraineté se construit avec des actes, non des discours.
Honorer nos martyrs signifie avant tout transformer leur lutte en un projet concret pour notre avenir collectif.
Nous devons-nous engager dans trois domaines prioritaires
- La responsabilité individuelle et collective : Chacun de nous, en tant que citoyen, doit se demander ce qu’il apporte à la nation. La corruption, l’inertie, et la complaisance ne sont pas des héritages de nos martyrs. Comme disait un homme politique américain, pour ne pas le citer « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » JFK
- Le développement économique durable :
Il est temps de transformer nos ressources naturelles en richesse pour notre peuple. Cela exige une gouvernance transparente, des infrastructures solides, et une vision à long terme.
- L’éducation et la formation de nos jeunes
Le futur de notre pays repose sur une jeunesse éclairée, capable de relever les défis du monde moderne. Investir dans l’éducation et la formation de nos jeunes :c’est assurer notre indépendance véritable.
Conclusion
En ce jour de commémoration, ne nous contentons pas de pleurer nos martyrs.
Agissons pour que leurs rêves deviennent notre réalité. N’oublions pas ce que, nous avons connu l’esclavage, la colonisation, le néocolonialisme mais maintenant pour ne pas dire aujourd’hui ? —« L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie », a-t-on fait dire à un certain Marx.
A nous, à notre génération de faire en sorte que notre pays ne régresse pas dans une forme d’asservissement qui s’apparenterait à la colonisation. Le temps des discours est révolu. Le temps de l’action est venu. Ensemble, faisons en sorte que le sacrifice du 4 janvier 1959 ne soit pas vain, mais qu’il devienne le socle d’une RDC forte, prospère et unie.
Je vous remercie.
Pour le bureau executif du RPDR
BOB BOLABWE
Président National