novembre 7, 2024

Au moment où le monde entier est terrassé par le CORONAVIRUS et secoué par les manifestations pour GEORGE FLOYD, le prince Laurent a choisi de mettre l’huile sur le feu concernant l’histoire commune de la Belgique et la RDC.

C’est par le journal en ligne LeSoir.be du 12 juin 2020 que j’ai lu sa phrase pour justifier son aïeul le roi Léopold II :” IL N’EST JAMAIS ALLÉ AU CONGO LUI-MÊME” dans une brève interview accordée à SudPresse, ajoutant qu’il ne voit dès lors pas comment le deuxième roi des Belges ” A PU FAIRE SOUFFRIR DES GENS SUR PLACE “.

Le prince Laurent souligne notamment les nombres réalisations du ” Roi bâtisseur ” mais fait également référence aux exactions commises au Congo lorsque le pays était la propriété personnelle de Léopold II.
Vous devez savoir qu’il y avait beaucoup de gens qui travaillaient pour Léopold II et ceux-là ont vraiment abusé , mais ce n’est pas pour ça que Léopold II a abusé “…

Bonjour, son altesse le prince Laurent de la Belgique,

Je suis l’arrière-arrière-petit-fils, de celui qui a vécu toutes les atrocités du pouvoir de l’EIC qui était le bien privé de votre aïeul et fils de l’un de ceux que le pouvoir colonial belge avait surnommé abusivement des “évolués”, qui a connu toutes sortes d’humiliations, permettez-moi de vous écrire pour réagir à vos propos déplacés que vous aviez tenus dans la presse belge pour défendre votre aïeul ; je citais : “le roi Léopold II “.

Cette lettre ouverte, certes n’est pas diplomatique, elle n’est pas non plus habile, parce que je l’ai voulue vraie et transparente, sans gant et sans rhétorique aucune !

En lisant, vos propos, je me suis rendu compte que l’histoire n’était pas votre passion comme votre aïeul était passionné de la géographie. C’est la raison pour laquelle ma réaction sera basée sur les réflexions de deux personnalités qui ont marqué mon esprit et notre temps , il s’agit du:

– Pasteur baptiste et historien GEORGE WASHINGTON WILLIAMS, surnommé ” Mundele Ndombe “, et

– Pasteur JOSEPH MUKUNGUBILA ” Prophète des Nations “.

L’un était le contemporain de votre aïeul et l’autre dont vous êtes contemporain.

Au début des années 1890, le pasteur G.W. Williams adressa une lettre ouverte au roi des Belges pour démystifier la colonie gouvernée avec bienveillance décrite par Stanley et autres, mais ce qu’il appela ” La Sibérie du continent noir “.

Dans sa lettre ouverte, on retrouvera un homme qui semble doublement horrifié : tout d’abord par ce qu’il a vu, et ensuite par son ” désenchantement”, sa ” déception” , sa ” démoralisation”, après ” toutes les choses louangeuses qu’il a ” dites et écrites sur le pays, l’État et souverain du Congo”.

Voici ce qu’il écrira à votre aïeul : ” Toute accusation que je suis sur le point de porter contre le gouvernement personnel de votre Majesté au Congo a fait l’objet d’une enquête minutieuse ; une liste de témoins compétents et crédibles de documents, de lettres, de rapports et de données officielles a été préparée avec exactitude “.

Son altesse,
Si votre aïeul était innocent ou blanc comme neige, pourquoi avait-il tout essayé pour dissuader le pasteur G.W.Williams de se rendre au Congo ?

Au lieu que votre aïeul puisse être le noble croisé antiesclavagiste qu’il se dépeignait lui-même, ” l’administration de votre Majesté était engagée dans le commerce des esclaves, de gros et de petit bétail. Elle achetait, vendait, violait et volait des esclaves sous la bénédiction de votre aïeul.
l’État du Congo de Léopold II, écrivit G.W.Williams au secrétaire d’État américain , était coupable de “CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ”.

Furieux, Léopold II dit au représentant britannique à Bruxelles de ne pas croire G.W.Williams, comme vous aujourd’hui…
Pourquoi votre aïeul était-il furieux ? Et pourquoi avait-il mené une campagne acharnée contre le pasteur G.W.Williams s’il n’était pas le cerveau moteur de tout ce qui se passait au Congo ?

Saviez-vous que c’est votre aïeul qui a occasionné la mort de ce dernier ?

Vers la fin 1906, Léopold II dira ceci au baron Léon Van Der Elst, que: ” l’État du Congo n’avait d’obligations envers personne, sinon envers son créateur, et que personne n’avait le droit de lui demander ses comptes “.

À un reporter américain, votre aïeul déclara un jour : ” Quand on traite avec une race composée de cannibales depuis des milliers années, il est nécessaire d’utiliser des méthodes qui secoueront au mieux leur paresse et leur feront comprendre l’aspect sain du travail “.

Posez-vous maintenant la question de savoir comment Diego Čao et ses compagnons ont été reçu par nos aïeux ? Et comment étaient-ils? Nos aïeux étaient civilisés et non des sauvages comme votre aïeul les avait dépeint…

Son altesse

En vous épargnant les détails des atrocités commises par les administrateurs de l’E.I.C sous la houlette de votre aïeul; sachez-le bien que le roi Léopold II était bel et bien au courant de tout ce qui se passait au Congo et il gérait le Congo comme un directeur d’une entreprise privée.

Deux ans après les élections de 2006 en RDC, donc en 2008, le candidat président, le pasteur Joseph MUKUNGUBILA va accorder une interview au journaliste Tito Kanza dans son magazine C-Retro qui est publié en Belgique, et c’est dans cette interview qu’il s’ouvrira pour parler de la Belgique.

À la question du centenaire de la cession de Congo du roi LéopoldII à la Belgique et de la réelle indépendance du Congo, le pasteur Joseph MUKUNGUBILA répondra ceci : ” Les sujets du roi des Belges n’ont pas commémoré cet événement. C’est une très bonne chose.
Et nous encore moins car vous êtes sans ignorer que ce tour de passe-passe entre le roi et la Belgique a confronté le statu quo; même philosophie d’exploitation, même prétexte fallacieux :

Au nom de la civilisation, mais surtout sous couvert de religion, avoir voulu éradiquer notre culture, et notre force vitale.
J’estime qu’un MEA CULPA de la couronne belge et du gouvernement belge exorciserait certaines inimitiés tenaces, beaucoup de stigmates d’humiliation et politicienne à l’avenir contribuerait à nous entre déchirer de plus belle.

L’indépendance du Congo passe par une refonte complète de notre société. C’est à cause de cela que j’avais refusé , c’était un risque , de présenter , mon projet de société afin d’attirer l’attention sur une chose.

Les ambiguïtés de l’héritage colonial ayant engendré un être sans repères sociologiques, historiques et politiques établis, que nous imposera l’Europe coloniale jusqu’au moment où cet ouvrage va s’avérer être de plus en plus difficile à manipuler (c’est le Congo 60-97) auquel va succéder un Congo à 4 têtes plus une, dont le maître d’ouvrage est la même communauté Européenne et consort…

J’estimais, disais-je, qu’il était impérieux de redéfinir tout d’abord, cette société, notre société , ce faisant , restaurer ou plutôt , restituer notre identité afin de prétendre recouvrer notre dignité.
Un projet de société sans société !
Aurait été le pire départ qu’on pouvait prendre. On l’a pris. Et aujourd’hui c’est un bouillon de culture où les bactéries rivalisent de virulence.

C’est logique qu’on dénombre résurgences de tensions en tout genre comme on est entrain de le voir.

Notre identité est la clé de notre indépendance. Puiser dans le spirituel , qui a fait la force de notre premier ancêtre (‘NIMROD ) s’impose comme incontournable.
L’évangile que le colonisateur nous a légué étant falsifié, de son propre aveu, et ignorer la prophétie, nous concernant dans ce contexte , nous privera de réintégrer notre identité, de nous revêtir de ce qui fait notre force, de recouvrer notre dignité. Nous sommes un peuple messager pour toute la terre, selon Esaïe 18:1-3, notre destin ne peut plus être envisagé en écartant Dieu. Et c’est libre que nous allons parcourir la terre, libre , indépendant et puissant tel notre destin avec Dieu.

S’agissant d’une quelconque rupture des liens entre les deux pays malgré le patrimoine commun et la définition des relations entre la Belgique et RDC, l’homme de Kalemie répondra comme suit :
J’aimerais pouvoir comprendre que le patrimoine commun dont vous parlez , c’est notre histoire commune.

Et la viabilité des liens entre les deux pays passe obligatoirement par une sorte d’état des lieux depuis la période précoloniale et coloniale à ce jour, seul le courage pour une rétrospective historique et politique débattue pourrait préserver et bonifier les relations entre les deux pays.
Les relations entre les deux pays sont et resteront en otage sous les poids de leur histoire commune; en otage vis-à-vis de ce qui n’a pas été dit.

Il faudra beaucoup de courage pour oser dire la vérité, beaucoup de sagesse politique pour affronter des épouvantails historiques dont il faudrait au moins parler pour en extraire le potentiel de nuisibilité aujourd’hui, trop de préjugés et trop d’arrière pensées à tort et à raison affectent les relations, et l’on s’en souvient qu’à la faveur des quiproquo diplomatiques et autres avatars.
Jusqu’où peut aller le conflit entre les deux pays ?

Aussi longtemps qu’on continuera à occulter le passé, faire comme s’il n’a pas existé , cela ne pourra aller que de mal en pis, et je suis incapable de vous dire quelle forme aura le pire.

Ce dont je suis sûr c’est qu’on aura, alors, raté une occasion pour un partenariat idéal que chaque partie regrettera.

C’est justement ici, le fond du débat politique dont l’enjeu pour nous est dans le pire de cas, perdre l’expertise belge sans pareille dans notre histoire , ou conserver cette expertise et oser un projet nouveau où tout le monde gagne ; comme vous le voyez , on revient à la case de départ, aurions-nous le courage politique d’une autopsie sans complaisance de ce corps mutilé que sont les rapports Congo-Belgique?

Son altesse, ce que le pasteur Joseph MUKUNGUBILA craignait est arrivé aujourd’hui…

On ne cache pas la vérité pour toujours, les belges ont le droit de connaître ce que leurs ancêtres ont fait subir aux nôtres.
Ce qui arrive aujourd’hui n’est que JUSTICE.
Si j’ai jugé de bon de choisir ces deux pasteurs, c’est parce que votre aïeul s’était aussi servi des missionnaires pour détourner nos ancêtres du vrai Dieu qu’ils adoraient…
Votre aïeul savait pertinemment bien que nos aïeux connaissaient et servaient le véritable Dieu.

C’est par la religion que votre aïeul est parvenu à assujettir notre peuple et c’est par la religion que notre pays aura sa véritable indépendance.

Son altesse ,

Saviez-vous comment les Belges avaient traité le cortège funèbre de votre aïeul le jour de son enterrement?

“Je leur donnerai mon Congo , avait confié votre aïeul à Stinglhamber ( le jeune aide du camp) mais ils m’ont pas droit de savoir ce que j’y ai fait.”
Qu’est-ce qu’il y a fait ?
Parce que selon vous il n’est jamais allé au Congo lui-même !!!

Son altesse,
Vous avez raté l’occasion de vous taire… En lieu et place de calmer les esprits, vous avez opté d’envenimer la situation.
Nul n’est besoin de vous rappeler que votre aïeul fut un EXTERMINATEUR, un BOURREAU et un GÉNOCIDAIRE !
l’histoire nous rattrape toujours, dit-on.

Je ne terminerai pas ma lettre sans pourtant saluer la bravoure de mes frères de lutte pour ce qu’ils ont fait au musée du Quai-Branly à Paris, je pense plus particulièrement à mon estimé frère de sang Mwazulu Diyabanza.

C’est ce qui arrivera très bientôt au musée Royal de l’Afrique Centrale qui se trouve dans l’immense palais construit par Léopold II avec le sang de nos ancêtres, si vous ne vous décidez pas de restituer tous les objets d’arts de nos aïeux.
Dois-je vous rappeler que c’est au Zaïre que la demande de restitution d’œuvres d’art africain et plus particulièrement les œuvres des collections du MRAC à Tervuren en Belgique avaient été envisagée quelques mois avant l’Indépendance par un périodique de l’Association des Bakongo, Notre Congo en avril 1960.? Ce périodique posait et remettrait en question l’appartenance des collections du Musée de Tervuren, était-elles Belges ou Zaïroises ?
Mobutu fut le premier président du continent noir a demandé la restitution des œuvres d’art et objets ethnographiques dans
son discours à l’assemblée générale de l’ONU à New York où il demanda une restitution des œuvres d’art qui avaient été pillées lors de la colonisation. Cette demande avait été prise en compte dans la résolution du 18 décembre 1973 et était nommée Restitution d’œuvres d’art à des pays victimes d’appropriation. Cette résolution s’était référée au IIIème Congrès Extraordinaire de l’AICA de la même année.

Son altesse,

Ce musée possède l’une des plus importantes collections du monde d’objets relatifs à l’Afrique…
C’est le temps de la réparation et pour la restitution car notre histoire commune ne sera pas falsifiée.
Votre passé précolonial et colonial va vous hanter s’il n’y a pas réparation car la Belgique nous doit tout !
Son altesse,
Sachez que votre aïeul était le COMMANDITAIRE de toutes les atrocités commises au Congo sous son règne sans partage.

Par l’activiste , Penseur et notable de Madimba, descendant de Mfumu NZANSU qui fut le premier à se révolter contre le pouvoir tyrannique de votre aïeul que l’administration de l’EIC traitera de l’un des chefs rebelles:

MINGIEDI MBALA N’ZETEKE Charlie Jephthé

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