C’est un parcours de combattant que Kamerhe s’est décidé d’expérimenter pour la paix dans l’Est du pays, comme dans le passé d’ailleurs. Mais cette fois-ci, c’est une démarche qui intervient après son acquittement au fameux procès de 100 jours. Aux yeux de ceux qui l’ont accueilli, c’est un autre Vital revigoré, avec une puissance physique exceptionnelle qui pilote sa caravane de la paix. La tournée est dénommée Amani, la «paix» traduite en swahili. Et pour ce précieux sésame introuvable depuis plusieurs décennies dans la partie Est de son pays, revêtu de sa casquette de Baba Wa Amani, ce leader politique déverse toute son énergie pour vulgariser son plan de sortie de crise. Rappeler aux communautés la riche expérience de vivre dans la cohésion, le pardon, la réconciliation, etc.
Ce prix à payer pour prêcher la paix aux communautés divisées, aider à taire les conflits et créer un climat de cohésion, c’est aussi franchir les zones rouges (d’insécurité) et leurs routes complètement délabrées. C’est un pari qu’il admet d’affronter à son risque et péril. Les itinéraires empruntés par cette caravane lui ont contraint à des nuits blanches devant le volant de sa jeep 4X4.
Durant son périple, qui a débuté dans la province du Nord-Kivu, 1ère étape de la tournée, fief d’insécurité permanente et d’attaques répétés des groupes armés, VK et son équipe s’installent à Goma après son meeting aux stades Afya, le lundi 12 septembre 2022. Mardi matin, le 13 septembre, le cortège du président de l’UNC prend le risque d’affronter les collines de Masisi, dont plusieurs domaines sont contrôlés par les coupeurs de routes et les rebelles des FDLR. A Mubambiro, c’est une population en liesse qui vient stopper sa Jeep et lui exigeant de descendre. Un meeting de circonstance sera improvisé pour afin poursuivre la route. Mêmes scènes à Saké et Mushaki. Au stade Rubaya, en plein cœur de Masisi, Kamerhe tient un meeting dans une zone rouge, une première depuis 2018.
«Pour raison d’insécurité grandissante et des conflits interethniques, le territoire de Masisi était devenu peu fréquentable par ses propres leaders, surtout pour des manifestations d’une telle envergure. Vital Kamerhe est celui qui vient d’ouvrir le bal avec tout le risque», témoignent les dignitaires de ce coin du pays.
Mercredi 14 septembre, un autre jour de la peur bleue. VK doit aller sensibiliser directement les jeunes et les notables de Rutshuru, territoire où se trouve la cité de Bunagana occupée depuis plusieurs semaines par les rebelles du M23. Le cortège ralentit la vitesse à Kibati dans le territoire de Nyiragongo saluer la population placée aux abords de la nationale N°2. A Rwanguba, territoire de Rutshuru, Vital a descendu pour expliquer le motif de son déplacement vers ce coin du pays. Arrivé au village Burayi, porte d’entrée de la cité de Bunagana, Kamerhe a fortifié les habitants afin de ne point perdre l’espoir. Le convoi automobile prend avant tout la direction de Kanya Bayonga en territoire de Lubero où la population attendait Baba Wa Amani depuis le matin. Dans son speech, il va déplorer la misère grandissante et le manque criant des infrastructures de base. Même topo se tenu devant une foule à Kirumba dans le même territoire. A Kiwanja (Rutshuru), à quelques kilomètres de la cité de Bunagana, il s’est adressé directement au M23 de quitter immédiatement et sans condition la cité de Bunagana «si réellement vous êtes nos frères».
Sud-Kivu, deuxième étape de la tournée Amani
La province voisine du Sud-Kivu constitue la deuxième étape de la tournée Amani.
Pour prêcher la paix, le président de l’UNC a renoncé à faire cavalier seul. Il s’amène avec une énorme délégation des cadres du parti, les députés nationaux, les ministres, les ex-ministres, sa famille biologique, ses enfants et son épouse. Tous, en provenance de Goma par voie lacustre, vont d’abord accoster à Katana, dans le territoire de Kabare, le premier village de la province du Sud-Kivu à accueillir la caravane. Vital et son équipe ne vont pas se limiter là. Le même jour de ce vendredi 15 septembre, ils feront Kavumu, Miti, Mudaka, Kalengera pour chuter dans la ville de Bukavu le soir. Le 16 septembre, à bord d’un petit porteur de 15 places assises, Kamerhe poursuivra son pèlerin à Burega, Bushumba, Birava et Lugendo, dans le territoire de Shabunda.
Un culte d’action de grâce sera célébré le 17 septembre en la paroisse internationale protestante de Bukavu, pour la faveur de Dieu manifestée durant les dures épreuves de son emprisonnement à Makala. Fervent catholique, Kamerhe participe à la messe du dimanche 18 septembre en la paroisse Saint Joseph de Kabare. Après cette célébration eucharistique, Baba wa Amani va recevoir la bénédiction de Mwami Désiré Kabare dans sa résidence. Par la même occasion, il va s’adresser aux habitants de cette chefferie. Juste après cette réception, le cortège se dirigera par la suite à Mugogo puis Walungu Centre. En route vers le territoire d’Uvira, le 19 septembre, Kamerhe tient ses meetings à Nyangezi et à Kamanyola, deux autres villages du territoire de Walungu. Et puis d’autres meetings successifs vont suivre à Luvungi,à Mumosho, à Sange, à Kiliba, à Uvira Centre. L’escale dans la ville d’Uvira a permis à VK et sa délégation d’y passer nuit pour prendre la route de Fizi-Baraka le 20 septembre trop tôt le matin. Le cortège fera un break à Makobola où Vital va tenir son premier meeting dans le territoire de Fizi. Le village de Mboko et la ville de Baraka. Le 21 septembre, par voie lacustre, le président de l’UNC ira à Idjwi Sud, à Idjwi Nord, à Minova. Les villages du territoire de Mwenga comme Burhale, Butuza, Bwahungu, Tubimbi, Kasika, Kamituga, seront franchis le 22 septembre.
En dehors du phénomène récurrent des coupeurs de route, l’insécurité dans la province du Sud-Kivu est caractérisée par la présence des rebelles étrangers (Burundi et Rwanda) et les groupes armés locaux (Maï-Maï).
Nord Kivu, suite et fin
Il manquait à Kamerhe trois territoires pour achever son périple dans la province du Nord-Kivu. Face à la fatigue constatée de certains membres de sa délégation, Vital a redoublé d’efforts et commence à guider seul les programmes restants en y insérant d’autres coins. Le 23 septembre, il se rend à Walikale avec son Secrétaire général et une équipe réduite de ses téméraires. Il va d’abord s’arrêter à Lugu et Ndjingala avant de tenir son meeting à Wilikale Centre. Une campagne de démobilisation dans la ville Butembo a eu du mal à gagner les esprits éveillés, ce samedi 24 septembre. La population a prouvé à son attachement à Kamerhe et l’importance qu’elle accordait au plan de sortie de crise qu’il vulgarise. Elle a inondé le lieu du meeting pour écouter Baba Wa Amani. La ville de Beni vient boucler la boucle de deux étapes de la tournée Amani, ce dimanche 25 septembre. Là où les ADF-Nalu tuent sans vergogne, c’est également le territoire congolais qui a enregistré beaucoup des massacres, des pillages et de nombreux cas de viol. Là encore, Vital Kamerhe insiste sur le départ du M23 de la cité de Bunagana.
«La création des projets de développement en faveur des jeunes les encouragera à quitter les groupes armés», a-t-il déclaré
Les messages phares
Dans speechs devant les différentes couches de la population de ces coins et recoins du pays, par micro ou mégaphone, Kamerhe les a exhortées à quitter les groupes armés et à éviter les querelles byzantines pour ne pas prêter le flanc aux ennemis de la RDC. Sans passer par le dos de la cuillère, il a fustigé les comportements belliqueux des rebelles du M23 qui ne se résument qu’à faire du mal à ses propres frères. Il ne leur accorde aucune chance de rester un seul instant à Bunagana plutôt que de dégager immédiatement de cette cité.
«Quand une partie de notre pays est touchée, nous devons tous nous sentir inquiéter». Pour lui, il n’est pas question que le M23 qui continue à tuer la population s’assoit sur la même table avec le gouvernement arme à la main.
Malgré l’exploitation artisanale des minerais, qui ne profitent même pas à ces peuples, l’ancien président de l’assemblée nationale a déploré le retard du développement causé par les nombreuses rebellions.
Comme dans les autres territoires du Nord-Kivu, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a dénoncé avec fermeté les taxes irrégulières auxquelles font face les opérateurs économiques locaux. Pour lui, il y a une impérieuse nécessité de réduire la surchauffe sur le marché de biens et services.
Au sujet de la problématique des fonctionnaires Non Payés (N.P) et Nouvelles Unités (N.U), Kamerhe a promis de plaider ces cas auprès des autorités compétentes.
Vital Kamerhe s’est également révélé fervent défenseur des problèmes sociaux auxquels font face ces habitants : l’inexistence des routes, le manque d’eau et d’électricité électrique, etc.
Pour lui, il n’y a pas seulement la guerre qui a retardé le développement mais aussi un manque de volonté de transformer ce pays-continent.
«On ne développe pas un peuple, le peuple se développe lui-même. L’État a pour rôle de créer les conditions», a déclaré Kamerhe.
Le plan triangle de Kamerhe pour une paix durable
En pleine tournée “Amani”, entendez la paix en swahili, Vital Kamerhe s’est déployé en long et large pour légitimer un plan définit à trois volets pour donner la réponse définitive à des scènes de terreurs et dramatiques qui secouent les populations de la partie Est de la RDC. Pour l’effectivité de ce plan, les notions de cohésion, de paix, d’amour et du patriotisme, doivent habiter chaque congolais.
Le premier volet de ce plan se résume par la dotation des moyens conséquents et de façon régulière à l’armée “parce que nous avons obligation à soutenir nos forces armées et les éléments de la Police nationale congolaise”.
Le volet diplomatique intervient en deuxième position de la potion thérapeutique “VK” pour éradiquer la guerre.
«Pour guérir une maladie, il faut d’abord établir un diagnostic clair. Après avoir diagnostiqué la crise récurrente liée à l’insécurité dans la partie Est de la RDC et particulièrement au Nord-Kivu, avec l’occupation de la cité de Bunagana, qu’on peut facilement résoudre le problème», a déclaré Vital Kamerhe.
Le triangle dessiné par Kamerhe se présente comme la clef de voûte non seulement parce qu’il est positionné en dernier, mais aussi parce qu’il impose à chacun des voisins du grand Congo des réflexions profondes des cours de l’histoire et géographie.
«Au sommet de ce triangle, il y a la RDC, d’un côté il y a le Rwanda et de l’autre côté, l’Ouganda. Il y a l’œil du cyclone au milieu du triangle qui s’appelle le M23», a-t-il proposé.
Ça ne sera pas une prime de l’impunité.
«Lorsque nous voulons résoudre ce problème, nous devons demander à nos frères de libérer Bunagana, de déposer les armes pour qu’enfin leurs revendications légitimes soient examinées en toute sincérité car, les gens qui meurent là-bas sont nos frères, sœurs et nos mères», martèle Baba wa Amani.
Selon lui, les trois pays à l’occurrence le Rwanda, l’Ouganda et la RDC, sont condamnés à vivre ensemble éternellement comme des voisins.
«Le développement de la RDC sera bénéfique pour ses voisins», a rassuré VK.
A noter que certaines parties de l’Est sensibilisées qui ne vivent pas dans l’insécurité, subissent d’une manière ou d’une autre les conséquences de cette terrible agression.
Par Edmond Izuba Envoyé spécial